A Auguste Hardy, mon grand-père
AUGUSTE
Vieux roc, tu as résisté à toutes les tempêtes.
Ton visage est hâlé et tes yeux fatigués.
Ton histoire, c'est celle peut-être
D'une île qui refuse d'avoir été.
Elle est, tu es, figure de proue
A jamais invincible.
Aujourd'hui tu courbes sous le joug
Et tu signifies l'indicible.
Te voilà à la retraite, silencieux
Pour tes amis avec qui tu vas t'asseoir,
Chauffant au couchant vos os vieux
Et vos yeux s'égarent dans le soir.
Marin tu l'as été, tu le restes
Pour moi dont tu as fait le confident.
Avec toi je cours à ma perte
Et je deviens mémoire, néant.
Ma main se glisse dans la tienne
Mes yeux te cherchent et mes pas
Se joignent aux tiens avant que vienne
L'heure où tu m'énivreras.
Pourquoi a-t-il fallu que tu disparaisses
Alors que tu m'avais fait nâitre?
J'écoute, mais seul le silence conteste
car je sais que tu ne peux renaître.
Auguste, hardy tu étais
Petit Auguste tu es mort
Et tu nous laisses désamparés
Toi, le grand-père, que nous a ôté le sort.
Longue a été ta vie
Mais tu gis sous la croix
Il n'y aura pas de survie
Pour toi à l'île de Groix.
Jeanine GUERAN, 02/07/77