poesie en prose

Le ciel a délaissé sa vêture couleur passe muraille pour enfiler le fil bleu dans le chas du jour. 
J’ai remisé mon ciré et mes bottes pour me vêtir de soleil et butiner comme l’abeille au cœur de l’été .
J’ai chaussé mes pointes pour valser sur les flots.

Mon cœur secoue la grisaille et prend possession de la lumière.

©️ Paloma GUERAN

Le vent contraire fait tanguer le navire, la lame scélérate chavire le cœur qui espère l’accalmie. Le capitaine tient bon la barre mais le mousse est novice et guette le port où il pourra affaler la voile et larguer l’ancre.

©️Paloma GUERAN 

Le froid incisif a figé mes mots sur mes lèvres bleuies. Le silence imposé a retenu le silence. Leur flux est resté en moi sans pouvoir te rejoindre. Un souffle est venu te murmurer ce que ma bouche frontière ne pouvait franchir. As-tu entendu ce qu’il te portait?

©️ Paloma GUERAN 

Sur la ligne horizon, je marche un sourire accroché aux nuages. Le cri de l’oiseau raye le silence. Le vent murmure l’ailleurs et ride le miroir du temps.
Une vie parcheminée.

©️ Paloma GUERAN 

Sur le chemin de sable, tu avances vers demain. Le vent inlassablement efface l’empreinte de tes pas. Qu’importe, personne ne te suit et tu fuis ce cruel hier. A l’horizon l’avenir se dessine et fera naître l’être nouveau oublié, oublieux de l’âpre passé qui le mit en chemin.

©️ Paloma GUERAN 

La maison sur la dune, se joue du vent qui la caresse ou l’agresse. Elle se mire dans la vague qui vient la lécher, parfois la noyer. Elle aime ce défi chaque jour chanté par le flot. Elle se dresse , fière, altière sur le fil de la falaise. Derrière des fenêtres closes à la tempête, résonne le chant d’une sirène qui invite à l’abîme.

©️. Paloma GUERAN 

Au solstice d’hiver, d’hier, le présent chargé de promesses s’est invité. Je lui ai fait une place en étoile accrochée aux portes de demain. Ce matin, ma main scintille et s’offre à ceux qui saurons la saisir.

©️ Paloma GUERAN

Ton pas martèle le silence, martèle le temps prisonnier du gel qui fige la vie. Dans la pâleur du petit jour tu cueilles la fleur qui s’accroche aux épines de fer acérées qui barrent ta route. Elle s’étale en goutte de sang dans ta main qui se déchire sur cette frontière. Une goutte de vie accrochée à la quête de l’espoir .

©️ Paloma GUERAN

Sur le marais solitaire, silencieux, une dentelle de givre festonne la fleur de verre. Le ciel timide rosit sous la caresse du jour naissant. Le héron a replié ses ailes, le chevreuil à l’orée suspendu son pas. Le temps a figé sa course, un instant mon cœur s’est suspendu à l’éternité offerte.
J’ai cueilli l’instant fragile, recueilli l’immortel et l’ai déposé sur tes lèvres endormies.

©️ Paloma GUERAN

Il avait pris la route sans se retourner, tournant le dos à son passé.Ses pas frappaient le sol avec ardeur, ses yeux fixés vers l’horizon.
Il marchait vers l’espoir.
Au détour du jour, il s’allongea sur la terre à laquelle il confia sa fatigue. Elle l’accueillit en amie. Il s’y abandonna et s’y unit en une union sacrée. 
Il ne savait pas qu’il ne verrait de demain qu’une haie acérée de barbelés où ses mains se teinteraient de rouge.

©️ Paloma GUERAN